vendredi 26 novembre 2010
« Ça change quoi »
Robert Ferrucci
(Éditions du Seuil)
Robert Ferrucci
enseigne l’écriture créative à la faculté de Lettres de l’Université de Padoue et écrit dans divers journaux : Corriere del Veneto, Manifesto, Il Venezia et Terra news.
Il a écrit également diverses rubriques littéraires et cinématographiques dans le journal Tuttosport, ainsi que dans les revues littéraires Leggere, Nuovi Argomenti et Linea d’ombra. L’été 2007 a vu la sortie de son dernier roman, « Cosa cambia », aux éditions Marsilio, maintenant en parution chez Seuil dans la collection Fiction & Cie, avec le titre « Ça change quoi », traduit par Jérôme Nicolas, préface d'Antonio Tabucchi.
En novembre 2010, chez les éditions de la M.E.E.T. (dirigée par Patrick Deville) sortira en bilingue, traduit par Jérôme Nicolas, son nouveau roman « Sentiments subversifs ».
« Ça change quoi »
Les journées de Gênes, les 20 et 21 juillet 2001, appartiennent désormais à l'histoire d'une génération politique. L'écrivain Roberto Ferrucci ravive le souvenir de la violence policière qui s'y est déchaînée pour dénoncer un scandale démocratique trop vite oublié.
C'est le bruit des pales d'hélicoptères qui est resté le plus longtemps. Le vrombissement, même lointain, des hélices rappelait, aussitôt, la manifestation de Gênes des 20 et 21 juillet 2001. Les nuages asphyxiants de gaz, les brigadieri qui poussaient, les gens qui couraient. Les gens qui saignaient. Ceux qui pleuraient. Les rues bloquées. Pour la première fois, la peur de la police.
Puis le souvenir s'en est allé, petit à petit. … C'était presque il y a dix ans. Des dizaines et des dizaines de livres, de récits, de documentaires, de films, de pièces de théâtre, de poèmes, d'oeuvres d'art contemporain en ont, depuis, parlé. Un récit mille fois répété. Mais saturé. Et comme remisé, cantonné à l'espace de la mémoire militante et littéraire. A la fois présent et ailleurs, tenu éloigné des urgences du moment. Pas censuré. Mais un scandale petit à petit oublié.
Peut-être manquait-il un regard extérieur pour le réactiver. C'est ce que fait le journaliste et écrivain Roberto Ferruci.
Jade Lingaard (Médiapart)
Roberto Ferrucci était à Gênes en 2001. Il couvrait le G8 en tant que journaliste.
Horrifié par toutes les scènes de violence, ces coups portés sur les plus innocents. Ce chaos total, les gaz lacrymo, les matraques, le sang, les cris, les détonations…Là où le journaliste ne peut rapporter que du factuel, Roberto Ferrucci élargit le champ à la manière d’un cinéaste qui refuse le plan serré. Ce livre aurait pu s’intituler « et qu’est ce qu’on fait de tout ça »… De cette violence inouïe irrationnelle, de ces blessures pas vraiment refermées, l’histoire ne retiendra rien et ceux qui l’ont vécu sont encore questionnés par ce cauchemar éveillé.
Ça change quoi, c’est l’histoire d’un journaliste dans une chambre d’hotel de Gênes qui se souvient du G8 qu’il a couvert quelques années plus tôt après avoir quitté sans raisons apparentes Angela, la femme qu’il aimait … Il plonge dans le tourbillon du G8 sans savoir qu’il va côtoyer un enfer. C’est la trame habituelle de l’histoire personnelle dans un épisode de l’histoire. Un individu dans un destin collectif…L’Italie de 2010 qui se raconte ainsi.
Éric Valmir