vendredi 19 septembre 2014 (annulé)
vendredi 27 février 2015
« Plein Hiver »
Hélène Gaudy
éditions Actes Sud
Hélène Gaudy
Née en 1979 à Paris, Hélène Gaudy a étudié à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Auteur de divers articles et nouvelles parus dans des ouvrages collectifs ou des revues, elle a également publié des ouvrages pour la jeunesse et des livres d’art. Elle est membre du collectif Inculte et vit à Paris.
Elle a signé trois romans : Vues sur la mer (2006, 2e sélection du prix Médicis), Si rien ne bouge (Le Rouergue, 2009) et Plein hiver (Actes Sud, 2014).
« Plein Hiver »
"C’est l’histoire d’un revenant.
De celui qui revient quand aucun retour ne semblait possible.
Tout est venu d’un article sur un jeune homme qui s’était fait passer à plusieurs reprises pour des enfants disparus. Un coucou, un Martin Guerre, un Peter Pan puisque, trentenaire, il continuait à se mettre dans la peau de très jeunes adolescents, à s’infiltrer dans leurs familles, à tenter de se faire aimer à la place des autres.
J’ai longtemps gardé en tête une phrase, Il s’était déplié : une fois démasqué, cet homme avait soudain retrouvé sa taille, sa stature, cessé d’être un enfant. Que s’était-il passé entre le moment où son corps s’était glissé à une place qui n’était pas la sienne et cet instant où il s’était ainsi déplié ? Cette image est devenue un point de départ que j’ai voulu creuser pour y implanter une autre histoire.
David Horn avait quatorze ans quand il a disparu. Il en a dix-huit quand, en ville, court la rumeur de son retour. Ce qui a été gommé, c’est son adolescence – blanche, rayée de la carte. Quelle que soit son identité, celui qui revient ne peut être tout à fait le même que celui qu’on a perdu. Au fil d’une construction circulaire, de fragments d’images récurrentes, se révèlent des liens forcément réinventés, des rapports de pouvoir entretenus dans l’enfance, la difficulté de connaître ceux qui nous sont proches et de se protéger de leur perte.
Le lieu est au coeur du roman : Lisbon, homonyme pauvre de la cité portugaise, aussi froide, close et inhospitalière que l’originale est chargée de voyages et de rêves. Une ville fictive avec ses légendes urbaines, la présence écrasante des montagnes, son interminable hiver, son shérif absent, son unique motel.
Cette Amérique n’a rien d’un refuge ou d’une terre promise. Elle aussi enferme ses enfants et les pousse à la fuite. Dans cette ville simulacre, le mensonge, aux autres ou à soi-même, s’impose comme une voie possible pour accepter l’absence."
Hélène Gaudy