vendredi 07 mai 2010
« Une parenthèse espagnole »
Sylvie Gracia
(Éditions Verticales)
Sylvie Gracia
née en 1959 dans l'Aveyron, est femme de lettres et éditrice française.
Elle vit à Paris.
Elle est éditrice aux Éditions du Rouergue où elle dirige « La Brune »,
ainsi que deux collections pour la jeunesse.
Elle est l’auteure de cinq fictions :
- « L'Été du chien », L’Arpenteur, Gallimard, 1996
- « Les Nuits d'Hitachi », L’Arpenteur, Gallimard, 1999
- « L'Ongle rose », Verdier, 2002
- « Regarde-moi », Verticales, 2005
- « Une parenthèse espagnole », Verticales, 2009
« Une parenthèse espagnole »
« Si j'étais fou, je laisserais mes morts me parler », répète le narrateur de ce livre où la question du deuil – des siens, du passé, des utopies – rime curieusement avec lumière et énergie.
Tissé de souvenirs, bribes de mots, fragments d’images, le texte saute, virtuose, du passé au présent, de l'histoire à l'anecdote, dans un jeu subtil d'échos et de réminiscences historiques et littéraires.
A l'aube de la cinquantaine, le narrateur est bousculé par la disparition d'un amour de jeunesse et le souhait de son père, réfugié Espagnol, de voir une dernière fois son village natal en compagnie de son fils et de ses deux petites filles.
Sylvie Gracia réussit sur ce thème, sans doute très proche de sa propre histoire, un texte très émouvant, révélant un sens du romanesque jusqu'ici tenu en réserve. Du même âge que son narrateur, elle dresse avec lucidité le portrait d'une génération grandie dans les utopies de la précédente – celle des « enragés de 68 » - et très vite engluée dans la consommation triomphante des années 80.
Une génération comme « une grande parenthèse refermée » dont le narrateur va prendre conscience en même temps qu'il va clore, par l'écriture, celle de sa vie conjugale ou celle de ce voyage en Espagne sur les traces de sa famille. « Ecrire est une entreprise de dégrisement » confie-t-il à son meilleur ami, au moment de se mettre au travail.
Michel Abescat - Télérama le 21 mars 2009.