vendredi 16 juin 2017
« Les cosmonautes ne font que passer »
Elitza Gueorguieva
éditions Verticales
Elitza Gueorguieva
Née à Sofia (Bulgarie) en 1982, Elitza Gueorguieva vit depuis quinze ans à Paris. Après l’obtention d’un master de création cinématographique (2008) et d’un master de création littéraire (2015) à l’Université Paris-8 Saint-Denis, elle se consacre à des projets artistiques multiples entre le documentaire de création vidéo, l’écriture littéraire et les performances. Les cosmonautes ne font que passer est son premier roman.
Les cosmonautes ne font que passer
Éditions Vericales
Dans la cour de l’école Iouri Gagarine, une mosaïque à l’effigie du héros soviétique et un immense sapin planté de ses propres mains dominent les élèves. Une fillette fascinée par le premier homme dans l’espace et son Volstok légendaire décide de devenir à son tour cosmonaute, une mission secrète qu’elle cache à sa famille qui juge son projet « totalement à côté de la plaque » parce qu’elle une fille, qu’elle est bulgare et qu’elle multiplie les bêtises. Ce qui ne l’empêchera pas d’essayer et de toujours s’accrocher à ses rêves les plus inaccessibles, grâce à sa « méthode d’énumération des phénomènes de la vie qui t’aide à mieux la concevoir » et à son grand-père communiste émérite. « Tzatziki tsouréki tarama tarama » ! Formules magiques, lieux secrets, planquettes dans des placards difficiles d’accès, Coop-Cola, fausses Nike, fausses Barbie, insolence farouche et véritable amie : voici un joyeux déluge d’enfance dans la Bulgarie soviétique !
Pourtant, le décor prête parfois peu à rire et les robinets coulent souvent à flots dans la salle de bain où s’enferment les parents pour se « raconter des blagues » peu flatteuses sur le secrétaire général du comité central du Parti communiste bulgare que l’on est censé tous admirer, à l’image des pionniers qui se sont battus dans la forêt contre le fascisme. Du jour au lendemain, la fillette découvre que « Berlin n’est pas un homme » et qu’avec la chute de son Mur, c’est toute la vérité qui se disloque et tombe en miettes. Alors que le communisme et sa propagande s’effondrent, la Bulgarie s’enfonce dans la pauvreté, la corruption, l’émigration et les clips sirupeux de tchalga. Mais la « Transition démocratique » sera aussi pour la fillette celle de l’adolescence et des bouleversements qui l’accompagnent, en collision avec l’Histoire.
L’humour pince-sans-rire d’Elitza Gueorguieva fait mouche à coup sûr, et Les cosmonautes ne font que passer est un premier roman touchant et un peu barré, une jolie découverte.
Un dernier livre avant la fin du monde