vendredi 12 Septembre 2008
« Le canapé rouge »
Michèle LESBRE
(éditions Sabine Wespieser)
Michèle Lesbre, née à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Michèle Lesbre grandit dans les années 1940 et 1950, celles de la 4 CV et de la DS, du verre de lait de Mendès France dans les écoles, de Martine Carol, de James Dean, de la mort de Staline, de la guerre d'Algérie, de Sartre et Simone de Beauvoir ou encore de Boris Vian...
Après de brèves études de lettres et d'histoire, deux enfants, quelques représentations théâtrales et une carrière d'institutrice puis de directrice d'école maternelle, elle se met à écrire. Ses premiers livres sont publiés dans les rayons de livres noirs. Puis, en 2001, elle passe à la littérature générale avec « Nina par hasard », en même temps que paraît un texte biographique, « Victor Dojlida, une vie dans l'ombre ». Elle publie encore « Boléro » (2003), « Un certain Felloni » (2004), « La Petite Trotteuse » (2005) et en 2007 « Le Canapé rouge »
Régulière autant que singulière, Michèle Lesbre écrit avec naturel et sincérité.
Le Canapé rouge figurait dans la première et deuxième sélection du Goncourt et du Goncourt des lycéens 2007, ainsi que dans la sélection romanesque Télérama/France culture 2007, ce roman a reçu Le Coup de coeur Point, le prix Marc Orlan, Millepages et le Goncourt des étudiants polonais 2007.
« Le canapé rouge »
Parce qu'elle était sans nouvelles de Gyl, qu'elle avait naguère aimé, la narratrice est partie sur ses traces. Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, Anne s'interroge sur cet homme qui, plutôt que de renoncer aux utopies auxquelles ils avaient cru, tente de construire sur les bords du Baïkal un nouveau monde idéal.
À la faveur des rencontres dans le train et sur les quais, des paysages qui défilent et aussi de ses lectures, elle laisse vagabonder ses pensées, qui la renvoient sans cesse à la vieille dame qu'elle a laissée à Paris. Clémence Barrot doit l'attendre sur son canapé rouge, au fond de l'appartement d'où elle ne sort plus guère. Elle brûle sans doute de connaître la suite des aventures d'Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, de Marion du Faouët qui, à la tête de sa troupe de brigands, redistribuait aux miséreux le fruit de ses rapines, et surtout de Milena Jesenskà qui avait traversé la Moldau à la nage pour ne pas laisser attendre son amant.
Autour du destin de ces femmes libres, courageuses et rebelles, dont Anne lisait la vie à l'ancienne modiste, une belle complicité s'est tissée, faite de confidences et de souvenirs partagés. À mesure que se poursuit le voyage, les retrouvailles avec Gyl perdent de leur importance.
Arrivée à son village, Anne ne cherchera même pas à le rencontrer... Dans le miroir que lui tend de son canapé rouge Clémence, l'éternelle amoureuse, elle a trouvé ce qui l'a entraînée si loin : les raisons de continuer, malgré les amours perdues, les révolutions ratées et le temps qui a passé.
Le dixième livre de Michèle Lesbre est un roman lumineux sur le désir, un de ces textes dont les échos résonnent longtemps après que la lecture en est achevée.