vendredi 21 Février 2014
« Mon prochain »
Gaëlle Obiégly
éditions Verticales
Gaëlle Obiégly
Née en 1971 à Chartres, Gaëlle Obiégly a fait des études d’art puis de russe avant de publier son premier roman en 2000, Petite figurine en biscuit qui tourne sur elle-même dans sa boîte à musique chez L’Arpenteur, comme les romans suivants : Le Vingt-et-un août (2002), Gens de Beauce (2003), Faune (2005), La Nature (2007). Elle est également l’auteur de Petit éloge de la jalousie (Folio, 2007) et, pour la jeunesse, du livre Le coyote et la fée (Le baron perché, 2007). En 2011, elle a rejoint Verticales avec Le Musée des valeurs sentimentales. Elle collabore occasionnellement à des revues, notamment L’Impossible et Chroniques purple.
« Mon prochain »
« Ce livre raconte une histoire, qui est un peu la mienne d’ailleurs, l’histoire d’une personne qui occupe toutes sortes de petits postes, toutes sortes de petits boulots très mal payés, soit disant dégradants, mais elle, l’héroïne, du livre ne se sent pas dégradée par ça, au contraire, ça devient pour elle un moyen d’observer ceux qui l’entourent. Elle est sollicitée par le directeur d’un journal qui lui demande d’écrire des articles. Elle accepte mais très vite, elle se rend compte qu’elle est incapable d’écrire des articles, d’écrire sur quelque chose et grâce à cette incapacité, elle est mise en contact avec son propre génie. Ce que j’appelle génie, c’est ce qui nous convoque à nous-même. Par cette impuissance, elle est mise en contact avec sa puissance. Ça c’est l’histoire du livre. Il y a des rebondissements, des reportages qui ratent, beaucoup de pérégrinations qui ne vont pas là où elles devaient aller. »
On rentre dans ce livre comme l’observateur que nous sommes parfois assis à la table d’un café, notre solitude se repeuple au contact des vies que nous percevons par les gestes que nous voyons, les paroles que nous entendons. On capte des bouts de réel qui peuvent rester en l’état ou suivre le trajet d’une rêverie. Il n’y a pas de hiérarchie. Soi est le filtre de cette fiction du monde qui s’éprouve plutôt qu’elle se représente, qui s’éprouve par le biais d’une phrase fidèle à la multiplicité des expériences sensibles qui nous constituent à un moment donné. Lire Mon prochain permet un voyage dans les espaces discrets du monde contemporain. La fiction se niche là, au starbuck café, en voiture, au zoo, devant une pochette de cd, sur l’écran d’un téléphone. Vous serez aux Etats-Unis, à Paris, en avion devant un plateau repas et un type qui vous raconte sa vie. Vous ne savez pas trop où vous êtes, ni qui vous êtes, qui est celle qui vous parle, vous vous échappez. Et cette fuite par les interstices d’un monde saturé de sens s’appelle littérature.
X.T.