vendredi 22 novembre 2019
« Un monde à portée de main »
(éditions Verticales)
Maylis de Kerangal
Maylis de Kerangal
Née en 1967, elle étudie en classe préparatoire au lycée Jeanne-d'Arc de Rouen et ensuite à Paris de 1985 à 1990 l'histoire, la philosophie et l'ethnologie.
Maylis de Kerangal publie son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne, en 2000, suivi en 2003 par La Vie voyageuse, puis par Ni fleurs, ni couronnes en 2006, Dans les rapides en 2007 et par Corniche Kennedy en 2008. Ce dernier roman figure cette année-là dans la sélection de plusieurs prix littéraires comme le Médicis ou le Femina.
Elle crée en même temps les Éditions du Baron Perché spécialisées dans la jeunesse où elle travaille de 2004 à 2008, avant de se consacrer à l'écriture. Elle participe aussi à la revue Inculte.
Le 3 novembre 2010, Naissance d'un pont remporte à l'unanimité et au premier tour le prix Médicis. Le livre remporte aussi le prix Franz-Hessel ; la même année, il est sélectionné pour les prix Femina, Goncourt, et Flore. Le prix Franz-Hessel permet à l'ouvrage de bénéficier d'une traduction en allemand, parue en 2012 chez Suhrkamp.
En 2012, elle remporte le prix Landerneau pour son roman Tangente vers l'est paru aux éditions Verticales.
En 2014, elle est la première lauréate du Roman des étudiants France Culture-Télérama (ancien prix France Culture-Télérama), pour son roman Réparer les vivants qui a été aussi couronné par le grand prix RTL-Lire 2014 ainsi que par le prix des lecteurs de l'Express-BFM TV, le prix Relay, et le prix Orange du Livre. Dans cet ouvrage, elle suit pendant 24 heures le périple du cœur du jeune Simon, en mort cérébrale, jusqu'à la transplantation de l'organe.
En 2016, elle est « grand témoin » du Festival international de géographie.
Maylis de Kerangal est venue au "Café littéraire" le 15 Juin 2007 pour Ni fleurs ni couronnes.
« Un monde à portée de main »
Qui est cette Paula Karst qui nous emmène à sa suite sans nous laisser souffler ? Une fille jeune, et cette jeunesse est le nerf du livre, porté par cette rage frénétique de l’âge des possibles. Une fille qui vit comme un oiseau sur la branche, et ce funambulisme la préserve de la peur des lendemains. Une fille qui en veut, et cette volonté la parachute dans une école d’art à Bruxelles, où elle apprend à peindre des décors en se tuant le dos et les yeux jusqu’au bout de la nuit.
Dépassant à chaque fois la simple rigueur documentaire, Maylis de Kerangal a toujours aimé infiltrer des univers aux antipodes du sien, s’approprier les jargons spécialisés, explorer les techniques de pointe, observer les émotions à l’assaut du savoir-faire scientifique. Après l’ingénierie des Ponts et Chaussées (Naissance d’un pont), la médecine des greffes d’organes (Réparer les vivants), elle ouvre cette fois grand les yeux sur l’art de la peinture, en accord parfait avec son écriture visuelle, flamboyante et assurée jusque dans ses tâtonnements, au plus près de la matière. Ancrée dans des lieux réels dont elle détaille toute la magie du hasard (l’école d’art est vraiment rue du Métal…), son histoire est celle d’une trajectoire en flèche, perforant les faux-semblants. Créatrice de décors en trompe-l’œil, sous chaque coup de pinceau, chaque estafilade de cutter, chaque essorage d’éponge, Paula Karst révèle sa vérité de fille d’aujourd’hui, en lien direct avec les premiers artistes de l’humanité.
Le roman commence en 2015, année de saccage et de terreur dont Maylis de Kerangal prend le pouls changeant, jusque dans les entrailles de Bruxelles, poumon du terrorisme où elle insuffle un oxygène salutaire. Il s’achève dans les grottes de Lascaux, lieu de peinture originelle, où désormais le factice parle vrai. Un beau voyage à remonter le temps, et à le démonter, cap sur la beauté d’un monde à portée de main, qui sera un monde à porter demain.
Télérama
Marine Landrot