vendredi 27 novembre 2020
« Par les routes »
Prix Fémina 2019
Sylvain Prudhomme
Éditions L'arbalète/Gallimard
Sylvain Prudhomme
Sylvain Prudhomme,né en 1979 à La Seyne-sur-Mer, est un écrivain français et vit à Arles.
Il a passé son enfance dans différents pays d'Afrique (Cameroun, Burundi, Niger, île Maurice) avant de venir étudier les Lettres à Paris, puis de diriger de 2010 à 2012 l'Alliance franco-sénégalaise de Ziguinchor, au Sénégal.
Il est agrégé de lettres modernes.
Il est l'auteur de romans et de reportages, dont plusieurs ont pour cadre l'Afrique contemporaine, où il a vécu et travaillé.
Sylvain Prudhomme a reçu le Prix Louis Guilloux 2012 pour son roman Là, avait dit Bahi, relatant l'histoire d'un fermier algérien à la veille de l'Indépendance.
Son roman Les Grands (éd. L'Arbalète, Gallimard) a été désigné « Révélation française de l'année 2014 » par la rédaction du magazine Lire. Paru en 2016, le roman Légende (éd. L'Arbalète, Gallimard) a été finaliste du Grand prix de l’Académie française. Ce roman a également reçu le prix François-Billetdoux de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) et le prix Révélation de la Société des Gens de Lettres.
Depuis 2014, il développe différentes formes de lectures musicales avec des compagnons de route comme les musiciens du Super Mama Djombo Malan Mané et Djon Motta.
Il collabore chaque mois, depuis 2015, à la chronique « Écritures » du quotidien Libération.
Sylvain Prudhomme est le lauréat 2019 du prix Femina et du prix Landerneau des lecteurs pour son roman Par les routes.
Sylvain Prudhomme est venu au "Café littéraire" le 29 avril 2016 pour la lecture musicale de son roman « Les grands » accompagné par deux "grands" à ses côtés : Malam MANÉ et Djon MOTTA du groupe Super Mama Djombo
Par les routes
Sacha, le narrateur, est écrivain. A bientôt quarante ans, il quitte l’effervescence parisienne pour emménager à V., une petite ville du sud: « je comptais mener une vie calme. Ramassée. Studieuse. Je rêvais de repos. De lumière. » Par un de ces hasards dont la vie a le secret, il retrouve à V. un ami perdu de vue depuis dix-sept ans qu’il nomme « l’autostoppeur ». Avec lui, Sacha a sillonné le monde avant d’abandonner le nomadisme érigé par son compagnon de route en mode de vie. Or ce dernier est désormais installé avec femme et enfant, et travaille à son compte dans le bâtiment. Mais derrière cette façade, l’homme n’a pas changé et poursuit ses voyages en autostop quand l’envie lui prend de tailler la route, laissant seuls Marie et Agustín pendant des jours. Au fil des services rendus, des confidences échangées, Sacha se rapproche insensiblement de Marie tandis que l’autostoppeur s’absente de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps, animé d’un obscur besoin d’ailleurs, s’effaçant peu à peu comme s’il déléguait sa vie à Sacha, ne se manifestant que par l’envoi de cartes postales : drôle de ménage à quatre…
Le nouveau roman de Sylvain Prudhomme est plein d’une beauté mélancolique. Il y est question de la vie, de l’amour et des chemins que l’on prend. Un homme arrive, un autre part, le premier trouve sa place et le second s’égare.
Réflexion sur la géographie des sentiments, sur les désirs et la liberté dans le couple, le roman définit l’œuvre d’une vie tout en rappelant le mythe d’Ulysse. C’est le retour qui donne son sens au voyage, et sans retour à Ithaque, ici V., l’errance de l’autostoppeur semble dépourvue de sens, n’était celui que lui donne Sacha l’écrivain. Mais comme chez Dante, l’inextinguible soif d’exploration du héros pourrait bien le conduire à la disparition. Du grand art.