Valentine Goby est une écrivaine française née à Grasse en 1974. Elle vit en région parisienne.
Elle publie son premier roman en 2002 chez Gallimard : La Note sensible, qui obtient le Prix René-Fallet 2003. Elle devient enseignante en lettres et en théâtre, métier qu'elle exerce en collège durant huit années avant de se consacrer entièrement à l'écriture, et à de multiples projets autour des livres : ateliers, rencontres, conférences, résidences d'écritures en milieu scolaire, détention, en médiathèque, à l'université.
Elle est maître de conférences à Sciences Po en littérature et ateliers d'écriture de 2013 à 2016, conseillère littéraire pour le festival du livre de Metz depuis 2016, et chroniqueuse pour le journal La Croix de septembre 2016 à janvier 2017. Outre ses 13 publications en littérature générale, elle écrit une œuvre importante pour la jeunesse.
Elle a depuis reçu de multiples récompenses pour chacun de ses romans, en littérature générale et en littérature jeunesse.
Publié chez Actes Sud en 2013, son roman Kinderzimmer reçoit 13 prix littéraires l'année suivante, dont le prix des libraires, et le prix Gabrielle d'Estrées.
Valentine Goby a été présidente du Conseil Permanent des Écrivains, Vice-Présidente de La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse. Elle est Chevalier des Arts et Lettres. Elle reste très active dans le combat pour le statut d'auteur.
En août 2019, paraît son roman Murène chez Actes sud.
Hiver 1956. Dans les Ardennes, François, un jeune homme de vingt-deux ans, s’enfonce dans la neige, marche vers les bois à la recherche d’un village. Croisant une voie ferrée qui semble désaffectée, il grimpe sur un wagon oublié… Quelques heures plus tard une enfant découvre François à demi mort – corps en étoile dans la poudreuse, en partie calciné.
Quel sera le destin de ce blessé dont les médecins pensent qu’il ne survivra pas ? À quelle épreuve son corps sera-t-il soumis ? Qu’adviendra-t-il de ses souvenirs, de son chemin de vie alors que ses moindres gestes sont à réinventer, qu’il faut passer du refus de soi au désir de poursuivre ?
Murène s’inscrit dans cette part d’humanité où naît la résilience, ce champ des possibilités humaines qui devient, malgré les contraintes de l’époque – les limites de la chirurgie, le peu de ressources dans l’appareillage des grands blessés –, une promesse d’échappées. Car bien au-delà d’une histoire de malchance, ce roman est celui d’une métamorphose qui nous entraîne, solaire, vers l’émergence du handisport et jusqu’aux Jeux paralympiques de Tokyo en 1964.
“À l’origine du roman, l’image du champion de natation Zheng Tao jailli hors de l’eau aux Jeux paralympiques de Rio en 2016, qui flotte en balise cardinale parmi les remous turquoise. Je contemple l’athlète à la silhouette tronquée, son sourire vainqueur, sa beauté insolite. Autour, les gradins semi-vides minorent cette victoire. Je m’aperçois que j’ignore tout de l’histoire du handisport, ce désir de conformité avec les pratiques du monde valide en même temps que d’affirmation radicale d’altérité, qui questionne notre rapport à la norme. À travers le personnage de François, sévèrement mutilé lors d’un accident à l’hiver 1956, Murène en restitue l’étonnante genèse.
Mes romans s’attachent souvent à des personnages en résistance, luttant obstinément contre les obstacles, dont ils viennent à bout. François est de ceux-là, seulement la volonté ne suffit pas. À une époque où balbutie encore la rééducation, et où l’appareillage ne parvient pas à compenser les manques de son corps, l’imagination est encore le plus puissant recours contre le réel, que François tente de plier à ses désirs.
Mais Murène est moins l’histoire d’un combattant que d’un mutant magnifique : la transformation profonde d’une identité et d’un rapport au monde quand l’obstacle devient chance de métamorphose. Le handisport en sera l’artisan, qui substitue alors à l’idée de déficience celle de potentiel, une révolution du regard et de la pensée. Dans l’eau des piscines, François devient semblable aux murènes, créatures d’apparence monstrueuse réfugiées dans les anfractuosités de la roche, mais somptueuses et graciles aussitôt qu’elles se mettent en mouvement.
L’œuvre d’Ovide évoque tour à tour les métamorphoses punitives qui emmurent les êtres et celles qui les délivrent. François connaît l’une puis l’autre, l’impuissance face à la tragédie que l’existence lui impose, mais aussi et surtout une mutation patiente, solaire, qui l’ouvre à des possibles insoupçonnés.’’
V. G